L’aquarelle

L’aquarelliste-trotteur renouvelle son art

« L’aquarelle n’est ni le lavis sec des architectes, ni l’affreuse cuisine des roublards spécialisés. Il ne faut pas lui demander plus qu’elle ne peut donner, ni attendre d’elle les ressources de l’huile. C’est un moyen de notation, une sorte de mémorandum, un procédé rapide et fécond, permettant à un peintre d’enrichir son répertoire d’éléments trop passagers pour être fixés par le procédé lent de la peinture (…) La rapidité de l’exécution, l’exiguïté du format l’empêchent aussi de s’encombrer de détails qui viendraient figer la sensation. » 

Dans la monographie qu’il consacre au grand aquarelliste hollandais Johan Barthold Jongkind (1819-1891), Paul Signac expose entre les lignes sa propre vision de l’aquarelle.
A la parution de cet ouvrage en 1927, il est parvenu au sommet de cet art qu’il considère comme majeur.

Pourtant, lorsque Camille Pissarro lui vantait à la fin des années 1890 les mérites de cette technique permettant de capter un moment sur le vif, les premiers essais aquarellés de Signac ne le satisfaisaient guère.

« Pendant les dix minutes que dure le coucher de soleil, j’ai pu prendre huit renseignements écrits avec des échantillons de teintes à l’aquarelle »

Paul Signac

En la pratiquant pour ébaucher un croquis ou peindre un paysage sur le motif, Signac s’approprie très vite ce nouveau procédé. « Pendant les dix minutes que dure le coucher de soleil, j’ai pu prendre huit renseignements écrits avec des échantillons de teintes à l’aquarelle », écrit-il à propos des différentes teintes lumineuses sur son carnet, renseignements précieux. Après le choc provoqué par la Première Guerre mondiale, l’artiste délaissera quelque peu la peinture pour se concentrer sur l’aquarelle, qui lui offre une plus grande liberté de création. Son matériel va alors l’accompagner dans chacun de ses voyages et chacune de ses promenades, au point qu’il s’attribuera lui-même le surnom « d’aquarelliste-trotteur ».

Paul Signac souhaite partager auprès des jeunes artistes son attrait pour l’aquarelle.

Il organise dans sa maison tropézienne des sessions de travail autour de la représentation de la lumière et des couleurs, auxquelles participent notamment Henri Matisse et Albert Marquet.

Sa production aquarellée est majoritairement dédiée aux marines et aux vues maritimes. En 1929, grâce à un généreux mécène, Gaston Lévy, Signac se lance dans un projet qui lui tient particulièrement à cœur : peindre à l’aquarelle 100 ports de France, comme Joseph Vernet l’avait accompli pour Louis XV. Cette série, qui occupera deux ans de sa vie devenue itinérante, reste une réalisation majeure dans l’œuvre de l’artiste.

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