L’écriture

L’écriture, quotidienne, méthodique et enjouée

« Ah, bien vrai, elle en fait assez de l’hôpital, depuis un mois qu’elle était là, à mois dans son pieu ; elle ne voulait pas y claquer, elle aimait mieux sortir et finir dans la rue que ce grand calme propre, dans cette salle cirée suintant la buée des cataplasmes, sous ces rideaux blancs, alourdis de fades odeurs. -Elle sortit. (…) Alors elle sentit que c’était la fin. Non, elle ne crèverait pas sur le bitume ! toute gosse, élevée aux champs, elle avait aimé le grand air. -Elle se traina jusqu’aux fortifications, et s’affala sur le talus salement vert… »

Le jeune Signac a 19 ans lorsqu’il écrit ce pastiche de Zola pour la revue « le Chat noir », décrivant la mort d’une prostituée. Alors étudiant au collège Rollin à Paris, il hésite encore à devenir peintre ou écrivain.
Après ses rencontres décisives avec Claude Monet et Armand Guilllaumin

il s’oriente de manière définitive vers une carrière artistique, mais l’écriture restera au cœur de son activité et de son quotidien. Chaque jour, il prend en effet le temps d’écrire à tous ses proches.

De nombreuses lettres sont aujourd’hui recensées, dont certaines destinées à Berthe, sa première épouse, et à ses nombreux amis artistes, écrivains et hommes politiques.

Dans ses missives, Signac consigne ses idées, ses pensées et ses humeurs sur l’état du monde, l’actualité, son activité artistique… Tous les sujets sont librement abordés, dans un style à la fois vif et élégant. Cette correspondance témoigne de son implication dans chacune des facettes de son existence.

L’écriture est indissociable de son travail artistique.

Tout d’abord parce qu’il répertorie tout au long de sa carrière chacune de ses œuvres. Ses tableaux sont en effet consignés et numérotés dans des cahiers, régulièrement consultés par les chercheurs et les universitaires. Théoricien de l’art, Signac est l’auteur de plusieurs livres de référence, à l’image de son ouvrage « D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme », écrit en 1899 et dans lequel il détaille les principes de ce nouveau courant artistique fondé par Seurat. Passionné de littérature et grand admirateur de l’œuvre de Stendhal, dont il rêve d’écrire la biographie, Paul Signac publie également un vade-mecum de la pensée stendhalienne dans un ouvrage intitulé « Aide-mémoire Stendhal-Beyle » que Blaise Cendrars qualifie de « plus petit grand livre du monde ».

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