La peinture

La peinture une célébration de l’harmonie et du partage 

« Nous savons bien, n’est-ce pas, que les arbres ne sont pas violets, que les cheveux d’une brune ne sont pas bleus, que les redingotes sont en drap noir – que les visages ne sont pas criblés de confetti multicolores donc si nous voulons imiter tout cela, inutile d’employer à cette besogne nos belles couleurs. Nous voulons autre chose, voilà pourquoi nous divisons et nous contrastons.(…) Notre affaire est de créer des harmonies nouvelles et rares (…) et non pas de faire ressemblant – ce qui peut être aussi un art mais tout à fait différent. Tout ce qui sera logique paraîtra vraisemblable, bien mieux que le vrai. ».

Au cours des expositions et des salons, auprès des peintres confirmés ou prometteurs, dans ses ouvrages théoriques et jusque sur son propre journal, comme en témoignent ces lignes écrites en 1902, Paul Signac s’emploie à révéler la technique néo-impressionniste de la division de la touche. A aucun moment, ce texte en est encore la preuve, il ne souhaite utiliser le terme de pointillisme. « Le néo-impressionniste ne pointille pas, mais divise », a-t-il l’habitude de répéter.

Des heures durant, voire plusieurs jours entiers, il applique sur la toile de petits points de couleurs pures, les uns à côté des autres, laissant ensuite l’œil combiner toutes ces teintes par effet d’optique. Ce travail minutieux s’effectue dans son atelier après d’éventuelles études effectuées en plein air.

Paul Signac adopte le divisionnisme relativement tôt dans sa carrière de peintre. L’inventaire de ses premiers tableaux remonte en effet au début des années 1880, peu de temps après sa visite en 1880 d’une exposition de Claude Monet. Puis sa rencontre avec Armand Guillaumin en 1884 est également décisive. Signac s’exerce alors seul à la peinture en suivant dans un premier temps le modèle impressionniste avant de rejoindre le groupe des « Néo » dès 1886.

Malgré l’approche savante de cette technique picturale, Signac célèbre en premier lieu la lumière, la couleur et l’harmonie à travers ses toiles. La peinture est également pour lui un terrain de partage.

Henri Edmond-Cross, Théo Van Rysselberghe, Maurice Denis, K.X Roussel Henri Matisse, Pierre Bonnard sont ainsi chaleureusement invités à « la Hune », sa maison de Saint-Tropez, où Signac a lui-même énormément produit. Paul Signac rencontrera un vif succès en tant que peintre.  Ami avec les artistes avant-gardistes de son époque, il a également gagné la confiance des plus grands acteurs culturels du moment : collectionneurs, galeristes, organisateurs de salons et d’expositions à travers l’Europe… Il conservera par ailleurs son titre de président de la Société des Artistes Indépendants pratiquement tout au long de sa carrière. Mais le déclenchement de la Première Guerre mondiale opèrera une rupture très nette dans son art. Auteur de plus de 500 tableaux jusqu’à l’année 1914, il n’en produira plus que quelques dizaines après cette date.

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