Le théoricien de l’art

Le théoricien de l’art, du néo-impressionnisme à la libéralisation chromatique

 « Croire que les néo-impressionnistes sont des peintres qui couvrent leur toile de petits points multicolores est une erreur assez répandue. Ce médiocre procédé du point n’a rien de commun avec l’esthétique des peintres que nous défendons ici, ni avec la technique de la division qu’ils emploient. Le néo-impressionniste ne pointille pas, mais divise. (….) les néo-impressionnistes, comme les impressionnistes, n’ont sur leur palette que des couleurs pures. » 

Dans son ouvrage intitulé « D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme », Paul Signac expose les principes de ce mouvement sécessionnaire de l’impressionnisme, qui prône la conservation des couleurs pures. Considéré comme le manifeste du mouvement, son texte place ce nouveau style pictural dans la lignée directe des innovations apportées par Eugène Delacroix et les peintres impressionnistes.

A sa parution en 1899, la publication de Signac connaîtra un grand retentissement sur toute une génération d’artistes, d’Henri Matisse à Robert Delaunay, jusqu’à Vassily Kandisky…

 

Si George Seurat s’avère le fondateur du néo-impressionnisme, Signac en est le théoricien et Henri-Edmond Cross, Théo Van Rysselberghe, et Charles Angrand les premiers suiveurs. Surnommé le « saint Paul » du mouvement, Signac en élabore les principes avec beaucoup de précision et de méthode. Lorsque son ami Seurat décède prématurément en 1891, il redoublera d’ardeur et de détermination dans sa mission de propagation, en rappelant le précepte énoncé dans son ouvrage fondateur : « les néo-impressionnistes (…) répudient tout mélange sur la palette, (…) chaque touche, prise pure sur la palette, reste pure sur la toile. » Pour ne pas « souiller » les pigments délayés, et conserver ainsi les couleurs pures, les variations de teintes sont obtenues par un effet d’optique créé par une multitude de petites touches.

En incarnant cette doctrine de division de la couleur, Signac participe à la libéralisation chromatique qui ouvrira la voie aux courants d’avant-garde comme le fauvisme.

 Il a une connaissance précise des mouvements précurseurs de son époque et à ce titre il présidera pendant 30 ans le Salon des artistes indépendants. Rares sont les peintres à avoir autant écrit sur leur art. Dans ses essais, sa correspondance, ses échanges avec les artistes, Paul Signac présente son œuvre et celle de ses contemporains comme un sujet d’étude dont il ne cessera d’approfondir la connaissance et la réflexion. « Si mieux que la technique, c’est la passion qui fait les artistes, ils peuvent être confiants : ils ont la passion féconde de la lumière, de la couleur et de l’harmonie. »

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