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Van Gogh, Along the Seine, Musée Van Gogh, Amsterdam

  Du 13 octobre au 14 janvier 2024 le Musée Van Gogh d’Amsterdam présente une exposition sur l’art le long de la Seine. Pourquoi les artistes Van Gogh, Seurat, Signac, Bernard et Angrand ont-ils peint le long de ce fleuve qui traverse Paris et sa banlieue ?

 

Paul Signac
Le Clipper
1887
Potsdam, Museum Barberini

Au XIXe siècle, les ponts et les trains facilitent les visites en dehors de Paris. Les cheminées d’usines fumantes dominent de plus en plus l’horizon. Cette exposition souhaite montrer comment les artistes ont perçu les bouleversements industriels de leur époque à travers leurs œuvres.

Cinq artistes ambitieux – Van Gogh, Seurat, Signac, Bernard et Angrand – se sont rendus sur les rives de la Seine pour peindre. Entourés de verdure, ils saisissent les changements induits par l’essor de l’industrie. Ils y trouvent de nouveaux motifs contemporains et développent l’utilisation de la couleur et leurs techniques picturales. Asnières a eu un impact particulier sur le développement de ces artistes.

 Asnières est située près de Paris, sur la Seine. Jusque vers 1850, elle était réputée pour être une banlieue verte, idyllique où les citadins venaient y trouver du repos. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la région d’Asnières est de plus en plus marquée par l’essor de l’industrie. Attirés par le changement de paysage et la facilité d’accès depuis Paris, les artistes se rendent à Asnières pour peindre.

Paul Signac (1863-1935),
Quai de Clichy, temps gris
1887
Huile sur toile
Dimensions : 46 × 65.5 cm
Amsterdam, Van Gogh Museum

 Réinventer la peinture après l’Impressionisme

L’exposition démontre que l’émulation des peintres et leur excitation face à ces nouveaux paysages a eu pour effet une redéfinition complète de ce qu’est un paysage en peinture, par l’apparition des techniques qui ont irrigué la création post-impressionniste jusque dans les années 1900. Georges Seurat met au point une facture pointilliste, travaillant les paysages par de minuscules touches de couleurs pures juxtaposées, formant de vastes toiles semblables à des mosaïques aux contrastes presque imperceptibles. Signac emprunte la même voie et théorise à la fin de la décennie cette pratique dans De Delacroix au néo-impressionnisme, qui lui vaudra le surnom de « Saint-Paul du néo-impressionnisme ». Van Gogh inaugure une nouvelle période de sa carrière où, plutôt que de réduire la touche à des petits points, il l’allonge, la rend fluide et mouvante, il fait danser la lumière et libère la couleur. Emile Bernard fait disparaître la touche, travaille progressivement par grandes plages de couleur vive, schématise les formes et se convertit à une symbolisation de plus en plus poussée. Enfin, l’exposition qui rassemble 75 tableaux est l’occasion de mettre en lumière un autre camarade de ces grands artistes de la décennie 1880, Charles Angrand, travaillant auprès de Signac, Seurat et Van Gogh, il développe une manière propre explorant les effets atmosphériques permis par le pointillisme.

Finalement, c’est au cours de ces quelques années, aux portes de Paris, qu’ont été mises en place les grandes idées annonçant les nouveautés du tournant du siècle, aussi bien le cloisonnisme symbolique de Gauguin, le fauvisme scintillant de Matisse et Derain, et le cubisme de Picasso et Braque.
Signac, Seurat, Van Gogh, Bernard et Angrand livrent à la postérité une nouvelle conception du paysage, qui ne fuit pas la modernité industrielle mais l’insère au milieu de la nature, et qui profite d’une libération de la touche pour rendre compte des couleurs et de la lumière que le peintre a devant les yeux.

Lettre de Signac à Gustave Coquiot « Oui, j’ai connu Van Gogh chez le Père Tanguy. Je le rencontrai d’autres fois à Asnières et à Saint-Ouen ; on peignait sur les berges ; on déjeunait à la guinguette et on revenait à pied à Paris, par les avenues de Saint-Ouen et de Clichy. Van Gogh, vêtu d’une cotte bleue de zingueur, avait peint sur les manches des petits points de couleur. Collé tout près de moi, il criait, gesticulait, brandissait sa grande toile de 30 toute fraîche ; et il polychromait lui-même les passants. »

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